Tempêtes de neige : un hiver El Niño qui détonne
L'hiver 2023-2024 a, jusqu'à maintenant, quelque chose de spécial, surtout en regard aux autres saisons rythmées par le phénomène El Niño.
Le Québec a droit à une séquence agitée depuis le début de la semaine. Pas moins de trois tempêtes devraient secouer la Belle Province en une semaine, amenant d'importantes quantités de neige dans leur sillage.
Cette période particulièrement active succède à 25 jours sans bordée de neige - un contraste assez saisissant. « Une telle disette a eu lieu de manière aussi longue en 2010. En fait, il y a eu deux trêves prolongées de tempêtes cette année-là », explique le météorologue Réjean Ouimet, en précisant que l'hiver 2010 était une saison sous le signe d'El Niño.
Bon à savoir : El Niño est une anomalie d'eau chaude présente dans l'océan Pacifique, ce qui a un effet sur l'atmosphère. L’emplacement et l’intensité de l’anomalie vont déterminer l'orientation des vents de haut niveau et la configuration de l’atmosphère. Cela se traduit par une crête à l’ouest, suivie d’un creux plus à l’est, ce qui détermine l'allure de l'hiver.
Depuis 1942, à Montréal, une situation où des tempêtes frappent à quelques jours d'intervalle (soit entre deux et cinq jours) s'est produite à 20 reprises. De ce nombre, trois années ont été marquées par de forts systèmes consécutifs : 1956, 1971 (soit l'année de « la tempête du siècle », le 4 mars 1971) et 2000. « Aucune de ces années n'était ponctuée par El Niño. Au contraire, le phénomène opposé, La Niña, prévalait », souligne Réjean Ouimet.
La présente saison hivernale est donc un peu particulière si on la compare à d'autres hivers El Niño, surtout sur le plan des bordées.
Depuis 1998, huit saisons se sont déroulées sous El Niño. De ce nombre, seulement deux ont vu la quantité de bordées excéder la moyenne pour l'ensemble du territoire : 2015 (31 bordées) et 2019 (32 bordées). Dans les deux cas, El Niño était de faible intensité.
De plus, la puissance des tempêtes de neige pendant un hiver El Niño se démarque peu dans l’histoire. À Montréal, sur les 10 plus grosses tempêtes de neige depuis 1942, deux seulement ont eu lieu pendant un hiver El Niño, soit en février 1954 et en décembre 2015.
« El Niño peut générer d'autres types de tempêtes. En 1998, le verglas de longue durée a marqué l’imaginaire et montre bien le côté moins neigeux de ces tempêtes. Le cas de 1998 est intéressant, car il a été constitué de tempêtes successives rapprochées qui ont joué sur l'ampleur de la catastrophe », précise M. Ouimet.
